Critique de Man of Steel par Etienne Darraud

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Synopsis officiel : Un petit garçon découvre qu’il possède des pouvoirs surnaturels et qu’il n’est pas né sur Terre. Plus tard, il s’engage dans un périple afin de comprendre d’où il vient et pourquoi il a été envoyé sur notre planète. Mais il devra devenir un héros s’il veut sauver le monde de la destruction totale et incarner l’espoir pour toute l’humanité.

Le tandem de The Dark KnightChristopher Nolan et David S. Goyer, se reforme après la décevante conclusion de la trilogie Batman et enrôle Zack Snyder, l’artificier kitsch d’Hollywood, pour redonner corps à l’autre super-héros de référence. Un film inégal sur le papier. Mais l’auteur britannique a encore frappé et impose par ses choix un film populaire et intense.

On a rarement aussi bien parlé de filiation dans le temple du tout public qu’avec cette relation père/fils bicéphale où des codes de conduite universels quoique gentillets sont édictés, faisant entrer Superman dans l’ère du blockbuster mature post-11 septembre -on rit peu dans Man of Steel. En lorgnant du côté des grands observateurs du cinéma actuel tels que Terrence Malick ou Jeff Nichols, et en pilotant une caméra aussi fébrile que l’itinéraire de Clark Kent (Henry Cavill, très convaincant) sous le poids des responsabilités, le film n’en devient que plus touchant et Zach Snyder capture quelques moments d’une réelle grâce. Deux autres grands thèmes de super-héros, la confiance à leur accorder et la foi en l’humanité, sont habilement mis au service de la narration dans une scène où un pasteur apprend au kryptonien que la confiance vient souvent après une profession de foi. Une distribution impeccable, de laquelle ressortent principalement Diane Lane et surtout Kevin Costner sans égal lorsqu’il s’agit d’interpréter l’Americana idéale : humble, travailleuse et morale, complète le premier tableau.

La seconde partie est marquée par l’un des caractères du cinéma Nolanien, et par extension de celui qu’il produit ou écrit : le rythme. De partis pris et détails intelligents diffusés dans le récit, rendre Clark Kent identifiable à celui qui connaîtrait Superman ou donner un sens héraldique au S sur la poitrine, à l’action frénétique mais justement orchestrée, les quelques 2 heures 30 du film se développent sans temps mort. La tendance naturelle de Snyder au mauvais goût pyrotechnique (l’insupportable 300) est savamment canalisée et la virtuosité des scènes de vitesse impressionne d’une altérité semblable à celle des jeux vidéos. Le parallèle se poursuit avec des effets spéciaux aboutis et certains choix artistiques qui en sont directement inspirés : des exosquelettes et armures évoquant Halo et surtout Metal Gear Solid. Moins intime, plus bruyante, plus lassante, cette seconde partie reste très efficace. Et les spectateurs, terrassés, quittent la salle avec le tournis.

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Christopher Nolan en compagnie de Zack Snyder