Garrett Hedlund dans Inside Llewyn Davis.

Critique du film Inside Llewyn Davis par Etienne Darraud

21005275_20130927183847948.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx

Garrett Hedlund dans Inside Llewyn Davis.
Garrett Hedlund dans Inside Llewyn Davis.

Inside Llewyn Davis est un guide singulier vers le psyché des frères Coen, par ce retour surprenant à leur cinéma le plus dépressif, qui livrent un film doux-amer sur la contingence, les actes manqués et les occasions ratées.

La carrière de Llewyn Davis est aussi fuyante que les figures qui jalonnent le film comme on parcourt les statues d’un musée de cire. On croise ainsi John Goodman, Carey Mulligan, Justin Timberlake, F. Murray Abraham et même l’ombre de Bob Dylan. Garrett Hedlund, surtout, prouve son potentiel iconique en peu de temps de présence à l’écran.

Sa reconnaissance envolée au moment même où son talentueux partenaire (la voix de Marcus Mumford des Mumford and Sons sur la chanson symbole du film, « fare thee well ») chute du George Washington bridge et n’ayant pas le nez assez creux pour faire valoir ses droits d’auteur sur un futur tube, Llewyn Davis étonne par un fatalisme auquel les frères Coen n’ont pas habitué leurs personnages. Le discours est moins grinçant avec les orgueilleux et les cyniques qu’à l’accoutumée. Moins drôle aussi. Mais plus intime.

La rencontre qui doit changer la vie de Llewyn Davis prend finalement la tournure prophétisée par les éléments métaphoriques du récit : des affaires de musicien qu’il traîne avec difficulté, représentant son encombrement émotionnel, au chat nommé Ulysse, en passant par la photographie brumeuse, enveloppant les personnages dans leur morosité. L’humanité est telle qu’il n’y a souvent pas de seconde chance.

C’est dans cette fuite en avant qu’Oscar Isaac trouve les bons accords au portrait mélancolique d’un artiste à contre-courant, dont l’habit musical est brillamment cousu par le producteur T-Bone Burnett, déjà responsable de la musique sur l’oscarisé Crazy Heart.

Les deux frères de Minneapolis ont cela de commun avec leurs personnages de losers magnifiques qu’ils sont corsetés par l’idée que cela va fonctionner à tous les coups. Il y a les hauts (Fargo, surtout) et les bas (le début des années 2000, surtout) d’une filmographie mise en abyme par le sort de ce chanteur de folk au talent certain mais au destin avorté.

En bonus, un des titres de la B.O du film par Oscar Isaac & Marcus Mumford – Fare Thee Well (Dink’s Song).