[Report] Runtomorrow invite Code Is Law au Gibus Club : voyage dans les limbes.

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Ambiance


Samedi soir, le collectif Runtomorrow investissait le Gibus Club en proposant une label night de haute qualité, et plongeait alors le club dans l’univers envoûtant de Code Is Law.

Ceux et celles qui étaient au Gibus ce soir-là ont pu voir leur nuit se transformer en une longue croisière sur le Styx (fleuve mythique des Enfers, ndlr), accompagné des meilleurs guides possibles: JanzonUnder Black Helmet et Mørbeck. Les trois artistes ont tour à tour participé à l’installation d’une atmosphère toujours plus profonde et sombre, conduisant nos pas (de danse) dans un repère pour âmes perdues.

Le lieu s’y prêtait bien, et l’on se perdait facilement dans cette boîte noire, enfumée et balayée de lumières rouges qui ajoutaient à l’ambiance sa dimension obscure. Seule incohérence scénographique : ces projections animées derrière les platines. N’apportant pas de valeur ajoutée, on se serait tout aussi bien contenté du joli faisceau rouge éclairant le visage du DJ…


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Code Is Law envoûtant


Ainsi, nous avons assisté à une très belle réunion de famille.

Dès minuit, Janzon occupait les platines et entamait doucement mais sûrement les hostilités. Une population plus ou moins avertie remplissait petit à petit le club, et s’échauffait joyeusement en suivant les variations d’un set de plus en plus dynamique.

C’est vers 01h30 que la température et le volume augmentent sensiblement. Le rythme s’accélère et cette évolution, si bien accueillie par un public chauffé à blanc, signait bel et bien le début du voyage. La dernière demie heure du set de Janzon, assombri et percutant, a parfaitement assuré la transition avec Under Black Helmet.

Il est arrivé en même temps que l’heure d’été. La minute suivant 01h59, il était 03h00. « Mais elle est passée où cette heure ? » On aurait volontiers cru que c’est la performance d’Under Black Helmet qui l’a fait disparaître, et ce sentiment un peu déstabilisant renforçait la sensation d’être ailleurs, hors du monde, hors du temps…


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C’était la toute première fois que cet artiste -dont on sait si peu de choses- se produisait en France et s’il voulait faire bonne impression, c’est réussi. Il nous a offert une heure de live exceptionnel, posant sur un public alors ultra-réceptif un véritable charme. C’est toute une histoire que nous contait sa techno à la fois brute et mélodieuse, et dont les variations très progressives nous ont transporté d’un état d’esprit à un autre avec une fluidité incroyable. Aucune incohérence dans l’évolution de ce live parfaitement mesuré et il est difficile de dire qui, de la performance du DJ ou de la réaction du public, suivait l’autre. Une chose est sûre : l’alchimie était grandiose. On n’aurait pas rêvé meilleur closing track que Have You Ever Had a Dream, irrésistible.

Mørbeck a pris les commandes vers 04h00. C’est à lui que l’on doit la naissance du label. Ce DJ berlinois, influencé par les mouvances Hip Hop et Techno des 90’s, se produit depuis près de quinze ans (il débute en 2002) sur de nombreux labels différents avant de créer le sien, Code Is Law, en 2013.

Là encore, on doit la qualité de son set à la justesse de sa construction : le voyage se poursuit. Différentes ambiances s’enchaînent, un groove assez sexy évolue sur des sonorités énergiques, très dansantes, puis sur une techno plus industrielle et froide bien que toujours mélodique. Les transitions se font avec une maîtrise absolue et il est impossible de ne pas se laisser happer par chacune de ces variations tant elles sont fluides et cohérentes. La fin du set de Mørbeck, explosive et fracassante de dynamisme, a scotché la salle qui ne semble pas s’être vidée d’un poil. Sourire aux lèvres, on atteint d’un même élan le climax de notre exode dans l’univers de Code Is Law.


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Le Gibus assurait un after jusqu’à midi, dont je ne peux malheureusement vous parler. En effet, c’est Exal (Blocaus) qui s’est emparé des platines à 06h00. Son set a démarré de façon très brutale, signifiant à tout le monde que l’after démarrait et qu’il n’était pas l’heure de dormir. Pourtant, je dois avouer qu’il m’a poussée dehors, et j’ai quitté le club vers 06h30, satisfaite et rompue par une nuit riche en émotions.


En bref


Si cette nuit s’est raccourcie (changement d’heure oblige), elle n’en a pas été moins intense. C’est ce genre d’expérience sensorielle qui prouve la qualité de certains artistes. Je dis sensorielle, et non auditive, car il ne s’agit pas ici de n’avoir qu’écouter de la « bonne techno » (on a d’ailleurs connu meilleur soundsystem que celui du Gibus), mais plutôt d’avoir été plongé tout entier dans une atmosphère forte qui a su mettre en éveil bien plus d’un seul de nos sens.

La réussite de cette soirée tient à la parfaite progression de chacune de ces trois performances. La constante évolution de l’ambiance a capté un public inlassable et chauffé à bloc, qui a accueilli et acclamé chacun des DJ avec énormément d’enthousiasme.

Ces talentueux artistes sont à suivre de près, et on guette avec impatience leur retour à Paris… Préparez-vous à être prêts.


Report par Charlie Calamel Duprey

Crédits photo: Charlie Calamel Duprey