[Report] Art Rock : festival enflammé

Cela fait 34 ans que le festival Art Rock éclaire la ville de Saint Brieuc à la lumière de la créativité et de l’art contemporain. L’édition de cette année aura été riche en performances talentueuses et en découvertes coup-de-coeur. Retour sur ces trois journées de déambulation artistique aussi surprenantes que réussies.

ART ROCK visuel-1Le thème de cette année se nommait Fantastic Elements, et mettait en scène l’eau, l’air, la terre, le feu mais aussi un cinquième élément, le pixel, à travers une exposition au musée de Saint-Brieuc mêlant photographies, sculptures, installations et art numérique. Il était également décliné par deux spectacles époustouflants de technique et de poésie. Pixel, le tout dernier spectacle du chorégraphe Mourad Merzouki présenté par la Compagnie Käfig, allie danse urbaine contemporaine, arts du cirque, et prouesse technologique, plongeant le spectateur dans un vertige digital onirique à couper le souffle.

À l’extérieur, la Compagnie Carabosse a embrasé une partie de la ville. Le Parc des Promenades de Saint-Brieuc s’est changé, pendant deux nuits en un véritable décor de conte de fées. De nombreuses installations flambantes fabriquées sur mesure illuminaient le parc, invitant les festivaliers à la flânerie au milieu de ces torches parfumées ou à s’asseoir dans l’herbe pour se laisser hypnotiser par les flammes, dans la douceur du soir et du parfum des bougies. Envoûtant.

Cie Carabosse @ Vincent Muteau (3)Du côté de la programmation musicale, les deux scènes extérieures et la salle de concert du Forum ont pu accueillir plus d’une cinquantaine de lives aussi éclectiques qu’internationaux.

Tout au long du week-end, le public de la Grande Scène, aura pu s’échauffer sur la pop déjantée des Naive New Beaters ou les boucles psychédéliques de Jagwar Ma, assister au spectaculaire show de La Femme (accompagnée pour l’occasion par de sublimes et affriolantes danseuses) et apprécier la performance de deux duos sur lesquels le temps ne semblent pas avoir de prise : The Kills et leur punk vampirique impérissable, et l’électro ultra-catchy de Cassius.

La seconde journée aura été rythmée par le charisme extraordinaire du collectif britannico-nigérien Ibibio Sound Machine, dont l’énergie de diable auront su accorder les pas de tout le monde et réchauffer l’atmosphère bretonne ; et par le live tout en confettis de Julien Doré, la star/tête d’affiche de festival qui a ravi le coeur et les pieds des briochin(e)s.

Dernière journée quelque peu hypnotisante sur la grande scène, entre le rock psychédélique The Black Angels, le tout premier live de la tournée de Metronomy, et l’hallucinante performance de The Kills, cette dernière usant d’une scénographie de pointe et de projections 3D pour nous scotcher.

ART ROCK 17_photos ambiance_06Quant à la Scène B, elle aura été celle des coups-de-coeurs. Produisant une majorité de jeunes talents francophones, la programmation de cette scène aura pu permettre au public de (re)mesurer la richesse et la diversité des artistes de chez nous (et d’à côté).

Coup de foudre pour le belge Roméo Elvis, dont la qualité du live sur la Scène B s’est vue remarquable : la proximité et la bienveillance du rappeur avec son public, son humour et son enthousiasme communicatifs sont autant d’éléments qui ont pu toucher les fans déjà conquis et séduire les profanes.

Il en va de même pour la fraîcheur et la justesse du live de Cléa Vincent, l’électro-pop hyper entraînante de Paradis, ou encore le set électro de Clément Bazin, dont les machines sont accompagnées d’un spacedrum apportant une profondeur tropicale à ses morceaux.

C’est devant le concert d’Agar Agar que nous nous sommes laissés hypnotiser par les chansons et le charme langoureux et évident du duo, dont les productions en live oscillent naturellement entre électro-pop et acid techno.ART ROCK 17_photos ambiance_05Grand incendie sur la scène du Forum, qui aura été, tout le week-end, blindé d’un public aussi bien conquis par la pop futuriste de Las Aves, que surexcité par le groove des jeunes et ultra-talentueux Australiens de Parcels (dont le premier album est à guetter), ou encore électrisé par le rock sombre des bad boys de Last Train, qui jouent même dans le noir, éclairés par les briquets et flashs du public.

Voici à peu de chose près la recette d’une édition réussie : en mêlant la rigueur et l’expérience des vieux de la veille à l’audace et l’originalité des jeunes talents, Art Rock a offert cette année un ensemble de concerts de grande qualité, qui aura su ravir tout mélomane, plus ou moins averti.


Crédits photo: Art Rock Festival / Gwendal Le Flem